Description
Description :
Objet de fantasme sur le ” vrai ” peuple de la ” France oubliée ” ou de dégoût au sujet des prétendus ” beaufs ” racistes et ignorants, les campagnes en déclin nourrissent bien des clichés. Mais qui sont les jeunes hommes et femmes qui y font leur vie ?
Si bon nombre d’entre eux rejoignent les villes pour les études, d’autres restent, souvent faute de ressources. Ceux-là tiennent néanmoins à ce mode de vie rural et populaire dans lequel ” tout le monde se connaît ” et où ils peuvent être socialement reconnus. Qu’ils soient ouvriers, employés ou chômeurs, ils font la part belle à l’amitié et au travail et se montrent soucieux d’entretenir une ” bonne réputation “. Comment perçoivent-ils alors la société qui les entoure ? À qui se sentent-ils opposés ou alliés ?
À partir d’une enquête immersive de plusieurs années dans le Grand-Est, Benoît Coquard plonge dans la vie quotidienne de ces jeunes femmes et hommes. À rebours des idées reçues, il montre comment, malgré le chômage, la lente disparition des services publics, des usines, des associations et des cafés, des consciences collectives persistent, sous des formes fragilisées et con?ictuelles. Une plongée passionnante dans le monde de celles et ceux que l’on entend peu, ou que l’on écoute mal.
Table des matières :
Introduction
Une enquête par immersion
Là où l’on existe
Avant les Gilets jaunes
Ceux qui partent et ceux qui restent
Le ” déjà, nous ” des ” bandes de potes “
1. La partie fluorescente de l’iceberg
” Sauver l’honneur “
L’irruption de la France populaire
Des affinités transclasses
L’expérience du mépris
2. ” C’était mieux avant “
Les ” bonnes années ” des parents : le sentiment d’une autonomie perdue
Une nostalgie masculine
Un sentiment d’entrave
” Un homme qui ne travaille pas ne vaut rien “
Chez les femmes, le poids du passé
La peur de ressasser un passé honteux chez les plus précaires
3. De ” ceux qui partent ” à ” ceux qui restent ” : la fabrique de la sédentarité
Des classes populaires qui ne s’en remettent pas à l’école
Dispersion géographique et distinction sociale
Normes scolaires versus normes locales
Une autochtonie de la précarité
4. Les ” ailleurs ” possibles et impossibles
L’eldorado suisse
Militaires, pompiers de Paris : les voies nationales d’une honorabilité locale
” Paris ? jamais de la vie ! “
5. ” Chez les uns les autres “
La fin des bistrots
La peur de la ” sale réputation “
L’ambivalence du repli sur le foyer
Un entre-soi concurrentiel
Au foyer des sociabilités populaires
Du foyer conjugal au foyer amical
Le rôle social du pastis
Le foyer des hommes
6. L’économie amicale, entre solidarité des collectifs et renforcement des inégalités
Des hommes qui ont le ” beau rôle “
Devenir des hommes, devenir une femme
Apprendre à être ” un vrai pote sur qui compter “
L’entretien de marges d’autonomie
7. ” Déjà, nous ” : une conscience politique du nécessaire
Du ” eux/nous ” au ” déjà, nous ” : un glissement des classes populaires
Ne pas ” être des bisounours “
Tensions amicales et affinité interclassiste
Une assurance en temps de précarité
Le ” déjà, nous ” d’une affinité politique
” Lui, il est comme nous ” : la tension autour du racisme
Conclusion. Un espace relégué, mais un espace d’autonomie…
Dans l’escarcelle de l’extrême droite ?
Vers un ” Trump français ” ?
Postface à la nouvelle édition (2022)
Remerciements
Notice biographique :
Benoît Coquard est sociologue à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Il travaille sur les milieux ruraux et sur les classes populaires.