Cycle d’Ateliers de Recherche-Création en Écologie Mentale, Sociale et Environnementale

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Ce cycle d’ateliers s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche de deux ans, soutenu par la MSH Paris Nord et codirigé par Manola Antonioli et Antonella Corsani.
Le projet porte sur l’articulation éthico-politique des trois registres écologiques : celui de l’environnement, celui des rapports sociaux, celui de la subjectivité humaine (Guattari, 1989)*1, et s’inscrit dans une double perspective : celle de Felix Guattari et celle d’André Gorz. Pour Félix Guattari l’écologie politique ne doit pas se cantonner aux questions environnementales, car elle serait non seulement inefficace mais aussi dangereuse. Félix Guattari percevait deux dérives possibles d’une écologie purement environnementale : une éco- logie droitière et conservatrice, voire réactionnaire, et l’écobusiness*2.
Dans cette même perspective, André Gorz a toujours insisté sur un point : il faut partir de la critique du capitalisme, qui conduit nécessairement à l’écologie politique et pas l’inverse.

L’objectif du projet est de contribuer à donner de la consistance théorique et politique à la notion d’écosophie en recherchant les articulations possibles entre l’écologie sociale, l’écologie mentale et l’écologie environnementale à l’intérieur de la littérature critique de l’écologie politique et en pour- suivant de cette sorte le chemin tracé par André Gorz et Félix Guattari.

Séances de 18h30 à 20h30 à la Librairie Utopia
1. 15 OCTOBRE : Elisée Reclus, introduction par Marco Candore
2. 12 NOVEMBRE: Jason Moore, introduction par Maxime Geny
3. 17 DÉCEMBRE: Écologie ouvrière, introduction par Emanuele Leonardi

*1 – F. Guattari , 1989, Les trois écologies, Paris, Galilée, nouvelle édition chez Lignes poche, 2023, Postface de Manola Antonioli
*2 – F. Guattari, 1994, Écologie et mouvement ouvrier, Chimères n. 21 : http://www.revue-chimeres.fr/drupal_ chimeres/files/21chi10.pdf

15 octobre : Élisée Reclus, écosophe
« Tant que l’iniquité durera, nous, anarchistes-communistes internationaux, nous resterons en état de révolution permanente. »
Pourquoi sommes-nous anarchistes ?, 1889
« Il me semble même que je suis devenu partie du milieu qui m’entoure ; je me sens un avec les herbes flottantes, avec le sable cheminant sur le fond, avec le courant qui fait osciller mon corps. »
Histoire d’un ruisseau, 1869
« Pour ma part, j’embrasse aussi les animaux dans mon affection de solidarité socialiste. »
Correspondance, 1884
Élisée Reclus (1830-1905) a esquissé une politique du sensible où s’articulent espaces et territoires (humains et non-humains) et perspective émancipatrice sociale et radicale : géographe, anarchiste, ami de Bakounine et de Kropotkine, membre la Première internationale ouvrière, partisan du communisme libertaire, du végétarisme, de l’union libre, du naturisme et de l’espéranto, il aura assurément été un des précurseurs de la pensée écologiste. Nous aborderons son œuvre et activité militante en résonances avec Les Trois écologies de Guattari, d’une éco-sophie définie dans son articulation entre « l’écologie sociale, l’écologie mentale et l’écologie environnementale » et comment ce legs d’Élisée Reclus discute encore aujourd’hui avec nos problématiques contemporaines.

Marco Candore est comédien, auteur de fictions, nouvelles et romans et « bricoleur » de films expérimentaux ; il est membre de la « revue des schizoanalyses » Chimères, fondée par Gilles Deleuze et Félix Guattari.

12 novembre: Jason Moore
Jason W. Moore est un historien et sociologue américain reconnu pour ses travaux sur l’écologie-monde et le concept de « capitalocène », qui analyse l’impact du capitalisme sur la crise environnementale globale. Jason W. Moore enseigne à l’Université de Binghamton et s’est imposé comme un auteur incontournable du « Green Marxism » et de l’écologie politique internationale. Son approche met en avant une lecture globale de la crise écologique, remontant à l’origine du capitalisme, avec une attention particulière à la période coloniale et aux plantations esclavagistes. Deux ouvrages ont été publiés en français : L’écologie-monde du capitalisme, Comprendre et combattre la crise environnementale (Éditions Amsterdam, 2024) et Le capitalisme dans la toile de la vie. Écologie et accumulation du capital, les Éditions de l’asymétrie, 2020

Maxime Geny est docteur en architecture et ville, membre du comité de rédaction de la revue EcoRev

17 décembre: Écologie ouvrière
L’écologie ouvrière désigne l’ensemble des pratiques et pensées par lesquelles les travailleurs défendent à la fois leurs propres conditions de vie et de travail face aux pollutions industrielles, et revendiquent la reconversion écologique de leurs environnements professionnels. L’écologie ouvrière part de l’expérience collective des ouvriers confrontés à la dégradation de leur santé et de leur environnement due à l’industrialisation et aux formes de production polluantes. Elle puise son énergie dans les luttes ouvrières historiques contre la présence de substances toxiques (plomb, amiante, phosphore) dans l’industrie, la gestion des forêts, et la dénonciation des conséquences du productivisme sur la santé et l’environnement. Stefania Barca et Emanuele Leonardi, parmi les principaux auteurs de référence pour l’écologie ouvrière, ont étudié et analysé en particulier les luttes ouvrières autour de Tarente e Campi Bisenzio (Italie). Ils ont contribué à théoriser l’« environnementalisme de la classe ouvrière » à partir de ces cas exemplaires.

Emanuele Leonardi est un sociologue italien spécialisé dans l’écologie politique, le justice climatique et l’environnementalisme de la classe ouvrière. Il est actuellement professeur au Département de sociologie et droit des affaires à l’Université de Bologne, et affilié au Centre for Social Studies de l’Université de Coimbra. Parmi les dernières publications figure Labour Nature Value. André Gorz between Marxism and Degrowth, London: Verso, 2025 (Édition anglaise de Lavoro Natura Valore: André Gorz tra marxismo e decrescita, Napoli: Orthotes, 2017).