Description
Résumé :
Au tournant du XIXe et du XXe siècles, quelque chose d’exceptionnel s’est produit dans l’ordre de la pensée, du savoir et des représentations. L’image de l’homme, de l’existence humaine, s’en sont trouvées profondément bouleversées. Cet ébranlement intellectuel et moral eut pour nom “sociologie”. Cette révolution sans morts ni barricades a en revanche fait de nombreuses victimes, à commencer par la philosophie.
En effet, face à l’idée d’une autonomie et d’une singularité irréductible des faits sociaux, d’un côté, et des approches objectivistes de l’esprit et du cerveau humains, de l’autre, la philosophie s’est retrouvée acculée, sommée de se redéfinir et de quitter, au moins provisoirement, les terrains de la morale et des conditions de possibilité de la connaissance, occupés dès lors par la sociologie. Avec Weber, Simmel et Tönnies en Allemagne, avec Durkheim et surtout Gabriel Tarde en France, la sociologie mit tout d’abord en avant l’idée de “déterminisme historique”, c’est-à-dire d’une pluralité de conditionnements de l’existence humaine.
Elle consacra ensuite l’avènement d’une conception nouvelle de la construction théorique, respectueuse de la complexité et de la force contraignante des faits ainsi que de la nature “sociale” des catégories de pensée et des pratiques de production et de transmission des connaissances. Une grande partie de la philosophie du XXe siècle peut être lue comme une réponse à cette révolution cognitive – et c’est ainsi que des auteurs comme Bergson, Heidegger, James, Jaspers, Merleau-Ponty ou Russell sont soumis à une grille d’analyse inédite.
Cet ouvrage exceptionnel et ambitieux s’inscrit dans la droite ligne des travaux de Pierre Bourdieu, Norbert Elias et Stephen Jay Gould.