Description
Description :
Personnage cle´ de la Re´volution de 1917, figure pionnie`re du fe´minisme socialiste, premie`re femme ambassadrice au monde, les qualificatifs ne manquent pas pour souligner l’exceptionnalite´ de la trajectoire intellectuelle et politique d’Alexandra Kollontai¨ (1872-1952). Promptement refoule´e par la contre- re´volution sexuelle qui s’e´tait abattue sur l’Union sovie´tique de`s les anne´es 1920, brie`vement rede´couverte au lendemain de mai 1968 avant de retomber dans l’oubli avec les « anne´es d’hiver » de la de´cennie 1980, l’œuvre de Kollontai¨ fait l’objet depuis quelques anne´es d’un puissant regain d’inte´re^t dans le sillage des renouvellements du fe´minisme mate´rialiste, sans pour autant que l’on ne dispose a` ce jour d’un portrait d’ensemble. C’est ce manque que le pre´sent ouvrage se propose de combler en s’attachant a` redonner a` Kollontai¨ la place qui lui revient dans l’histoire du fe´minisme, ta^che qui suppose non seulement de restituer ce qui fait l’inde´niable actualite´ de sa pense´e, mais aussi de mettre en exergue son inactualite´, au sens de perspectives e´mancipatrices qui n’ont pu e^tre re´alise´es, ont e´te´ e´touffe´es ou oublie´es, mais qui gagneraient a` e^tre re´active´es, intempestivement. L’hypothe`se qui sous-tend ce livre, et en constitue le fil rouge, est que, pour Kollontai¨, l’e´mancipation des femmes a pour condition fondamentale l’abolition de la famille (bourgeoise, nucle´aire) et des rapports de proprie´te´ (physique et psychique) sur laquelle elle se fonde. Ce projet se de´cline selon elle de deux manie`res entreme^le´es : d’une part, par une re´invention radicale de l’amour et des formes de la sexualite´; d’autre part, par la socialisation inte´grale ou la communalisation des ta^ches reproductives, a` commencer par la maternite´. Dans l’un et l’autre cas, c’est la camaraderie, comme affect communiste par excellence, qui doit pre´valoir afin de rendre possible la gene`se de la « grande famille prole´tarienne » qui signera le « retour » a` l’e´galite´ homme-femmes, laquelle, pour Kollontai¨ comme pour tant d’autres, avait re´gne´ au sein dudit communisme primitif. C’est ce projet que le pre´sent de livre se proposer de recouvrer sous la forme de la biographie d’une pense´e qui suivra l’itine´raire re´volutionnaire de Kollontai¨, sans s’e´pargner la confrontation avec sa « part d’ombre » telle qu’elle trouve en particulier a` s’incarner dans la promotion de ce qu’on peut appeler un bioproductivisme.
Table des matières :
Originaire de Saint-Pe´tersbourg, Olga Bronnikova est mai^tresse de confe´rences a` l’universite´ Grenoble Alpes. Portant prioritairement sur les migrations depuis l’espace postsovie´tique, ses recherches se centrent actuellement sur l’exil russe, ukrainien et bie´lorusse qui a suivi le de´clenchement de l’invasion de l’Ukraine. Matthieu Renault est professeur des Universite´s en Histoire critique de la philosophie a` l’universite´ Toulouse Jean-Jaure`s. Ses recherches portent sur les rapports de la philosophie aux mondes extra-europe´ens et sur la production de savoirs minoritaires (classe-genre-race) en contexte re´volutionnaire. Il est notamment l’auteur de C. L. R. James. La vie re´volutionnaire d’un « Platon noir » (La De´couverte, 2016).